Les perles d'eau de ma rivière
LES PERLES D’EAU DE MA RIVIERE
Ma rivière s’égrène au fond de ma mémoire
En perles irisées d’un collier de bonheur.
Au fil de l’eau du temps qui passe,
Ma jeunesse se déroule et s’enroulent les souvenirs
De ces jours d’avant, de ce bonheur avant les pleurs.
Au printemps de mon enfance,
J’allais me promener sur ses rives drues
Qui sinuaient dans la plaine fleurie,
Au pied de la forêt aux chants d’oiseaux.
J’aimais entendre son bruit frais sur les cailloux
Et la musique des grains de cristal
Sur les rochers mouillés du gué.
Les grands saules se pointillaient de vert,
L’herbe nouvelle surgissait des touffes jaunies.
Fraîcheur, joie, harmonie, elle m’apaisait.
Aux portes de l’été, je l’ai revue avec « lui ».
Miroir de mes rêves au fil de l’onde,
Le temps d’aimer ne dure qu’un été
Où la rivière s’endort dans les méandres de son lit.
Elle paresse, langoureuse, entre les herbes folles
Ponctuées de grappes roses ondulant sous la brise.
Les grands roseaux enrubannés de feuilles
Semblent protéger les joyaux blancs des nénuphars,
Dans l’air vibrant, bourdonnant d’insectes,
Traversé par l’éclair bleu d’une libellule,
Ou le vol improbable d’un papillon tremblant.
Chaleur, moiteur, torpeur, c’était le bonheur.
L’automne arrive quand l’été a tout brûlé.
Sur les bords de l’eau frissonnante, je suis venue pleurer.
Les criquets se sont tus dans les touffes séchées,
Le ciel lourd pèse comme un couvercle.
Pressée, elle charrie les herbes et les feuilles tombées.
Je suis seule et j’ai froid, je pense à « lui ».
Tristesse, silence, solitude, elle partage ma peine.
Quand l’hiver viendra, je serai loin.
Mais je les connais, les pas crissant dans la neige,
Les eaux bouillonnantes et brunies de terre,
Le cri noir des corbeaux déchirant le ciel,
Le poing griffu des saules suppliant l’horizon,
Et l’espoir transpercé gisant au milieu du chemin.
Je la laisserai à d’autres, cette rivière tant chérie,
Car je vais accomplir mon destin qui est ailleurs.
Douleur, désespoir, révolte, on se quitte.
En elle coulent toutes les sources
Et sur elles fuit mon âme.
Elle était mon infini plus que parfait,
Et demeurera mon éternel retour,
Vers toi, rivière sage, rivière folle de mes amours,
Dans la campagne verdoyante de Lorraine
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