Marjolaine
MARJOLAINE
J’étais dans la foule,
Seule.
Les gens allaient par deux, par trois,
Joyeux et papotant,
Marée humaine allant à ma rencontre,
J’allais à contre-courant,
J’étais raide et glacée,
Seule.
Les gens admiraient des objets
Que je ne voyais pas.
Un parfum de gaufres
Flottait dans l’air :
Je n’ai pas vu
Le marchand de gaufres…
J’étais au milieu de la rue,
Seule.
Un orgue de barbarie jouait
« Marjolaine »,
Et m’atteignit en plein cœur.
Et soudain j’étais cette Marjolaine,
Toi si jolie,
J’attendais ce soldat
Qui ne revenait pas,
Et je pleurais cet amour perdu
Qui jamais ne revient.
Seule,
Sans voix et sans nom,
J’assistais à une fête
A laquelle je n’étais pas conviée.
J’étais dans cette rue sombre,
Comme Orphée aux enfers.
Les ombres déambulaient
Emprisonnées dans leur solitude,
Aveugles et sourdes au monde extérieur,
Leurs mouvements ralentis
Semblaient leur peser,
Et je n’aurais pas été étonnée
De voir passer le vitrier,
Mais le vitrier n’est pas passé,
Le facteur non plus,
Et toi, tu n’es pas venu…
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